Paris - Journées Nationales 1981

L'efficacité thérapeutique en psychiatrie

Les psychiatres seraient plus fous que leurs fous, dit-on : ils n’auraient aucun sens des réalités. Ils ne se soucieraient guère de résultats. Bien plus : ils refuseraient l’effort d’en tenter la mesure – voire ils en dénieraient le caractère mesurable…

Scandale des technocrates. Scandale des médecins. Scandale des universitaires… Scandale du public… Scandale des psychiatres…

Les chimiothérapeutes ont des résultats, et pensent les mesurer. Les thérapeutes institutionnels ont des résultats et se proposent de les mesurer. Les comportementalistes ont des résultats et entendent les mesurer. Les psychanalystes eux-mêmes…

Toutes ces mesures se fondent, se réfractent et se rétractent au travers des théories de chacun qui, seules, leur fournissent les paramètres d’une évaluation vraisemblable.

Y a-t-il une théorie de la psychiatrie qui puisse proposer des instruments de mesure rendant compte de la multiplicité des modes d’intervention du psychiatre et de l’efficacité de ces méthodes ?

Ou bien la psychiatrie, en tant que démarche unifiante, se subsumerait-elle, ou se réduirait-elle, en un engagement éthique ?

Une autre voie ne pourrait-elle se dessiner, non plus dans un amalgame de théories inconciliables en ce qu’elles ne répondent pas des mêmes phénomènes, mais dans la recherche de corrélâts qui, au-delà de ces phénomènes, reflètent l’unité profonde de l’homme, corps et esprit, engagé dans un corps social, au carrefour du désir, de l’histoire et de l’économie ?

Il s’agit donc, nous y insistons, non de tenter de démontrer, de façon plus ou moins péremptoire, l’efficacité de la psychiatrie en général, ou de telle ou telle méthode en particulier, mais, à partir du constat de cette efficacité, d’en analyser les ressorts et de tenter d’établir entre des situations techniques et théoriques très diverses des corrélations permettant une autre lecture des phénomènes observés.

Certains aspirent depuis longtemps à une théorie de la psychiatrie. Il est à tout le moins scientifiquement nécessaire de mieux cerner les ressorts éventuellement communs de l’efficace.