Appel au Manifeste de la psychiatrie libérale

Martine Burdet-Dubuc
Retour au sommaire - BIPP n° 3 - 1995
« De l’éthique au politique »

12 mars 1995 de 9h30 à 17h30
amphi Magnan - Sainte-Anne - PARIS

 

Les psychiatres risquent d’être absorbés par un rationalisme morbide au nom d’une efficacité apparente et pour des soins rapides et peu coûteux.

Au-delà de l’économie, ce rationnalisme dénote une résistance profonde par peur de l’aléatoire. L’affectif et l’émotionnel sont cet aléatoire qui nous détermine malgré nous et que nous ne pouvons reconnaître... puisque cela paraîtrait une défaite dans la logique dominante.

Parallèlement, le contrôle administratif est dans l’incapacité de mesurer ce qui se vit au sein du cabinet médical dans le «secret».

Face à ce premier point, il faut développer l’éthique du psychiatre : lutter contre l’exclusion, ce déni d’émotion et d’affect et pour l’affirmation du rôle perfectionné de la relation psychiatrique, démontrer son utilité qui rend toute sa valeur à la qualité du sujet, d’être «responsable».

Développons donc notre éthique par la reconnaissance du lien de chacun,un par un, avec ses émotions et ses affects particuliers.

Et sachons prendre le temps de traduire celle-ci à nos partenaires sociaux pour que la complexité de la notion d’équilibre soit respectée.

L’aspect pratique et technique de notre profession nécessite une formation continue que nous avons toujours pratiqué, ainsi qu’un travail sur notre identité.

* La formation continue : c’est-à-dire la permanente confrontation avec d’autres, qui est une façon de révéler ce qu’il en est de nous-mêmes. Mais aussi une connaissance la plus large des développements scientifiques concernant notre spécialité.

* Pour aider les patients à s’accepter et à s’entendre, il est tout à fait logique de s’être d’abord entendu soi. Il y a un deuil à faire à propos de la vérité que l’on croit détenir.

Les différentes conceptions techniques du soin psychique sont affaire d’écoles et elles sont toutes valables, si ces préalables sont acceptés.

Notre profession nous incite à repenser sans cesse notre indépendance en sachant demander une valorisation sociale de celle-ci. Et c’est dans cette dialectique que se tisse le lien social.

Martine Burdet-Dubuc


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