Meeting de la "Nuit Sécuritaire" du 7 février 2009

Olivier Schmitt
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Messieurs les décideurs,

Vous dites toujours que vous voulez améliorer l'accès aux soins.
Qui serait contre ?

Mais, qu'avez-vous fait ?
Que faites-vous ?
Que vous apprêtez-vous à faire ?

    - Vous augmentez régulièrement le reste à charge pour les malades.
Franchises, forfaits hospitaliers, déremboursements divers…

    - Vous avez supprimé l'accès direct aux psychiatres.
Vous obligez les plus de 26 ans à passer par leur médecin traitant, les laissant sur la touche quand ils ne peuvent pas leur en parler.

    - Vous détériorez l'image des soins en psychiatrie en assimilant maladie mentale et délinquance.

    - Vous supprimez les réseaux d'aide spécialisée en milieu scolaire.
Les RASED étaient pourtant des lieux précieux de soutien, de prévention et d'intégration.

    - Vous supprimez l'aide de l'État aux institutions reconnues d'utilité publique en mettant en difficulté le tissu associatif.

    - Vous faites en sorte que disparaissent les petites structures dynamiques en particulier dans le secteur médico-social.

    - Vous avez programmé la pénurie de soignants avec des numerus clausus absurdes.

    - Vous surchargez les soignants de tâches administratives chronophages et improductives.

    - Vous morcelez la continuité des soins par des approches séparées générant ainsi des ruptures de suivi dommageables.

    - Vous humiliez les psychiatres publics en voulant les assujettir à la performance.
Vous humiliez les psychiatres libéraux en dévalorisant leur acte.

Qui sera bientôt assez masochiste pour faire ces métiers ?
 
Messieurs les décideurs,

Si, un jour, vous avez besoin de soins psychiatriques, car personne ne peut dire qu'il n'en aura jamais besoin,
À quelle porte allez-vous frapper ?

Vous pensez sans doute qu'en payant de votre poche suffisamment garnie, vous trouverez un praticien qui aura pour vous l'indépendance professionnelle respectueuse du sujet particulier que vous êtes, et qui aura du temps à vous consacrer :
Le temps et l'indépendance nécessaires :
    À sa disponibilité
    À sa réactivité
    À la personnalisation de la relation thérapeutique
    À son inventivité nécessaire à votre cas précis.

Bref, le temps et l'indépendance nécessaires à des soins de qualité.

Peut-on refuser cela à la majorité de vos concitoyens ?
Nous voulons pouvoir continuer à travailler ainsi dans le cadre de soins accessibles à tous.

L'accès aux soins, c'est avant tout la Sécurité sociale.
Vous détruisez progressivement ce formidable acquis d'après guerre.
Vous bafouez le principe fondamental de la Solidarité Nationale où chacun paye selon ses moyens, et où chacun peut se soigner selon ses besoins.

    - À la suite de décisions régaliennes d'exonération, l'État doit des milliards à l'Urssaf.

    - Et nous subissons parallèlement un glissement vers les assurances personnelles, dérive qui ne peut que défavoriser les malades souvent paupérisés par leur pathologie.

    - Vous programmez des contrats individuels aussi aliénants qu'humiliants aux dépens de conventions collectives de praticiens.

Messieurs les décideurs,

Vos actes démentent vos propos :
    - Je ne peux pas croire que vous soyez naïfs,
    - Je ne peux pas croire que vous soyez incompétents,
    - Je ne peux pas croire que vous soyez incohérents.

Vous soutenez en fait une politique déterminée
    - Une politique de clivage social,
    - Une politique de pouvoir financier d'un côté, et de l'autre
    - Une politique de soupe populaire au moindre coût pour le plus grand nombre.

Si nous sommes ici ce soir, c'est parce que nous refusons cette dérive.
C'est parce que nous nous réveillons.
C'est parce que nous sommes prêts à soutenir des solutions adaptées
    - Dans le respect de la diversité, que le bureaucratisme écrase
    - Dans le respect du sujet que la technique réifie
    - Dans le respect de la complexité humaine que le populisme démagogique occulte.

Messieurs les décideurs,

Vous chassez les contre-pouvoirs des institutions ?
Vous les retrouvez dans la rue.
Vous les chassez de la rue ?
Et c'est la nuit sécuritaire.

Alors, un souhait majeur : Que vive la République des Lumières !
 
Olivier Schmitt
Président du SNPP

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