Séminaire de printemps
La Psychiatrie dans ou hors champ de l'Éducation ?
Argument
L'éducation est définie comme la mise en œuvre des moyens propres à former et à développer la personne. On pourrait définir la psychiatrie comme la mise en œuvre des moyens propres à soigner les avatars de ce développement. Ces deux champs ne peuvent pas s'ignorer et l'on sait combien l'un est sollicité par l'autre.
Les changements actuels touchent tous les domaines de la vie sociale et privée et ceci se retrouve particulièrement dans ce qu'on nomme la « perte de repères » et la « crise de l'autorité ».
Pour répondre aux questionnements induits par ces mutations, on assiste à une dérive sociétale qui accrédite des nouvelles représentations dominées par l'emprise des médias et qui intronise la toute puissance de l'immédiateté, de l'évaluation et de la preuve scientifique.
Cette tendance s'inscrit dans une évolution où domine une hégémonie de la « communication » - tout dire et tout montrer - comme si une certaine opacité n'était pas nécessaire à l'humain. Cette fascination de la transparence, de l'inédit, la prédominance du narcissisme sur la dialectique du désir, mobilisent le rapport contemporain au savoir dans une recherche effrénée mais chaotique de réactualisation et de nouveaux repères.
Alors que tout bouge, tout change et où l'on ne sait plus au nom de qui et de quoi parler, on tend souvent à un repli sur une position expertale qui énonce des certitudes rassurantes, et la psychiatrie se retrouve souvent en demeure de savoir, voire d'anticiper.
N'a-elle pas le devoir de poser les bonnes questions plutôt qu'a y répondre ?
Ce constat nous incite à réfléchir et à élaborer sur les effets de cette évolution et son impact sur notre pratique en psychiatrie et ses rapports avec l'éducatif ?
Le « psy », comme le travailleur social ou l'enseignant ne doit-il pas remettre du sens là où les liens se morcellent. Le premier ne doit-il pas repenser sa clinique dans cet esprit comme le second sa pratique éducative ou sa pédagogie ?