Trop de psychiatres
Cet intertitre du Quotidien du Médecin du 16 juin 1997 vise notre seule spécialité dans un article consacré à une étude démographique de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie en 1996. «La CNAM estime qu’il y a entre 9.300 et 17.500 médecins libéraux en excédent». 17.529 en fait (sommes-nous précis !) ou 9.330 si l’on tient compte du travail à temps partiel comme de la féminisation du corps médical - tout ceci déterminé à partir d’un chiffrage «optimal» des médecins par région et par discipline, le surnombre étant posé comme facteur prépondérant de la croissance des dépenses remboursées par l’assurance maladie.
A partir de quelles références, de quel bilan épidémiologique, de quelle étude des besoins ces affirmations sont -elles assénées ? On ne savait pas les planificateurs de la CNAM aussi affûtés dans leur maîtrise des pratiques et des pathologies (pourquoi alors est-il aussi impératif de coder à tout va - sous l’argument que justement ils ne maîtrisent pas ?).
Toujours est-il que le QM, lui, éprouve le besoin de pointer les seuls psychiatres (alors qu’il est question par ailleurs de l’ensemble des spécialités chirurgicales). Sommes-nous si coûteux, si superflus, si oiseux ? Ou serions-nous un bouc émissaire facile ?
Les solutions : le numerus clausus ou le non-conventionnement sélectif (selon les régions) ou encore la réorientation vers le secteur salarial. Nous pourrions leur suggérer aussi quelques déremboursements judicieux touchant par exemple à ce luxe dispendieux que l’on nomme parfois psychothérapies. Mais ils y pensent, les bougres, si on en juge par certains contrôles en cours ! Ce ne peut être que cela puisque la prescription psychotrope est assurée déjà à 80 % par les généralistes.
Je savais bien qu’ils avaient tout compris !
Gérard Bles
N.B. Petite annonce juste sous l’article en question : «Collecte des déchets médicaux». A méditer par ceux qui, il y longtemps déjà, se métaphorisaient en poubelles...