Qui manque à l'appel ?

Pierre Coërchon
Retour au sommaire - BIPP n° 54 - Mars 2009

Il se trouve qu'à présent la technologie Internet permet, de façon plus facile et moins coûteuse qu'auparavant, de recruter à la pelle.

Il se trouve que pour ma part, comme d'autres, je manque à l'appel.

Quel appel ? Mais « l'appel des appels » bien sûr ! Ce qui se présente donc comme l'ensemble de l'ensemble des appels. À cet endroit scabreux d'un des risques majeurs de l'hystérisation collective, l'expérience clinique et analytique est normalement en mesure de nous prévenir de certaines dérives possibles de l'union, sans pour autant nous dégoûter de la conjugalité et de ses avatars fussent-ils pathétiques. Notamment nous prévenir des pièges de l'union dite libre, voire de celle à n'importe quel prix, sinon gare au pire. Et, « le pire est à venir »… C'est du moins ce que l'on ne cesse de nous dire dans la prophétie. Celle de la « demande des demandes » ne saurait y déroger. Et le pire, c'est que le destin, et son écriture automatique tragique rendent la chose possible. Alors, attention à la précipitation dans ce qui serait susceptible de venir nourrir un « contre le pire », certes de l'autre côté de l'union mais aussi le renforçant, ce pire, en lui faisant solide mur, de ces murs contre lesquels un appui trouve renfort, fut-il dans un délire à deux y compris…

Car il serait dommage d'atténuer voire d'annuler la portée et la pertinence de ce que nous traitons et défendons dans notre pratique psychiatrique libérale, au cas par cas et donc dans l'organisation du jeu social. À savoir que notre traitement consiste en une aide à tel patient, afin qu'il puisse se mettre au travail sur les conditions de l'émergence possible de sa subjectivité, d'un désir, d'une capacité à assumer la charge d'une existence, à même de produire sa propre direction, et ne se contentant plus seulement de se référencer simplement et  directement à une commande a priori, que ce soit pour y obéir ou pour s'y opposer.

Pierre Coërchon
Clermont-Ferrand

Retour au sommaire - BIPP n° 54 - Mars 2009