De la dérive vers le naufrage !

Marc Maximin
Retour au sommaire - BIPP n° 25 - Mars 2000

Dans les nouvelles actualités en médecine, on voit se profiler des projets tels que

- L'obligation d'information dans la relation médecin- malade...

- L'obligation d'informatisation avec la collecte de données que cela sous tend à long terme.

- L’obligation de validations au long cours des médecins par leurs pairs.

Il semblerait, dans un premier temps, à tout un chacun, que ces démarches de contrôle s'inscrivent dans "un mieux être " de transparence, de conformité et de qualité tant pour les médecins que pour les malades.

Il faut rappeler que la tendance actuelle dominante en psychiatrie vise à réduire l'organisation psychique à des comportements qui s'inscrivent dans du mesurable et du quantifiable...

Cette " approche... " psychiatrique vient s'articuler avec ces mesures de contrôles qui sous un masque apparent de " Bon Sens " cachent et entraînent; une impression première d'irresponsabilité chez les médecins, une perte de la confidentialité, une démarche de classification effrénée, et une obligation de résultats a court terme. Ce qui imposera une médecine avec un discours policée et unique où la moindre déviance sera assimilée à un trouble du comportement.

Cela entraînera un dérapage de la rigueur vers la rigidité, de la responsabilité morale vers la responsabilité pénale avec la prise en compte de l'altérité comme une entité organique décrite en termes de normes et de pathologie.

La médecine, et donc la psychiatrie, doit pouvoir rendre compte et rendre des comptes sans tomber dans un réductionnisme ni trouver des solutions individuelles à des problèmes sociaux.

Le désir de certains d'orienter la médecine vers un "scientisme " qui prétendrait résoudre tous les problèmes humains risque d'amener la psychiatrie à devenir un instrument de pouvoir et de régulation ne prenant en compte l'homme malade que du côté de la maladie (comme symptôme d'un corps défaillant) ou de la déviance.

Marc MAXIMIN (Toulouse)


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