Le "décorporatisme" : un délire de désarticulation ?

Pierre Coërchon
Retour au sommaire - BIPP n° 50 - Décembre 2007

Sous prétexte de ne pas supporter la faille dans l’Autre et de ne pas entendre comment s’organise la partition autour de l’insatisfaction chez les êtres parlants, il est possible aujourd’hui, dans une interprétation simplificatrice, éducative et gestionnaire, à l’abord d’un trou et dans un corps à corps, de régler le malaise alors découvert en désarticulant n’importe quel corps. Le corps de l’humain, le corps d’un métier, le corps d’une représentation (syndicale y compris), etc. C’est bien de cette façon que vous vous retrouvez, sans le voir venir et sans forcément le désirer, avec un tas d’os défilant bien en rang et au pas sur le podium du considérable. Plus besoin maintenant de la représentation de ce qui échappe ou de ce qui rate, fut-ce dans l’ordre, dans le corps, dans le métier, dans la responsabilité, puisque dorénavant vous n’avez plus affaire qu’à l’homogénéisation harmonieuse de représentants valant comme unités à parts entières, normales, sans faille. Individus indivisés donc. Mais comment faire tenir debout et ensemble un tas d’os sans lien ni articulation ? Il ne vous reste plus alors, ne serait-ce que pour remettre un tant soit peu de décence dans l’histoire, qu’à habiller ces cadavres de jolis oripeaux, qu’à les corseter d’une carapace ou les tuteurer de quelque prothèse fonctionnelle. Charmante perspective… Il existe pourtant un protocole qui vaut et produit de l’intérêt par l’entaille qui lui est faite et qui nous laisse ainsi l’heur de ne pas nous mener à la faillite.

Pierre Coërchon
Clermont Ferrand

 


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