Retour du Havre
Les Journées Nationales de L’AFPEP se tenaient cette année au Havre, les 4, 5 et 6 octobre et avaient pour thème « L'ÉCOUTE ».
Ce thème était audacieux. Il n’est pas habituel d’adopter pour des journées de cette envergure un thème aussi proche de la position subjective du psychiatre.
Pas habituel non plus de proposer d’en débattre avec les médecins généralistes autour d’une table ronde, comme l’avait organisée notre consœur Béatrice Bachy pour la soirée inaugurale.
Encore timides ce soir-là, les débats se sont animés à mesure que les journées se déroulaient. Aussi bien en séances plénières que dans les ateliers, ce sujet a permis que chacun se révèle autour de cet acte qui est à la base de la clinique et qui réclame toujours plus de réflexions d’ordre éthique.
Bien loin d’être destinée à une collecte de signes objectifs comme le voudrait une médecine basée sur l’évidence (EBM), l’écoute, dans notre tradition culturelle, fait appel, appel à l’autre dans son altérité, dans son humanité.
Toute la richesse de la conscience que nous en avons s’est exprimée au travers d’exposés à visée théorique, d’études poussées de cas cliniques, de questionnements sur enseignement et transmission comme sur nos liens avec les apports de la pharmacologie.
Nous avons pu également, au cours de cafés littéraires, entrer en contacts avec des psychiatres au sujet de leurs livres récemment parus.
Ainsi, sur le chemin vers l’autre, Histoire, Religions, Arts, Philosophie, Science, Psychanalyse, Politique sont ces sources qui complètent notre formation médicale.
Chacun va y puiser d’une façon originale, avec un talent qui lui est propre mais aussi sans oublier la part à faire au doute, à la complexité, ce qui fait de notre discipline une discipline profondément clinique et toujours en recherche.
C’est pour moi cette diversité qui s’est fait entendre au cours des débats. Toutes les interventions n’ont parfois pu être développées, faute de temps, tant elles étaient nombreuses.
J’ai perçu cette diversité comme le reflet de la qualité du psychiatre, perception vivifiante à notre époque où nous devons trouver la force de résister aux menaces qui pèsent sur notre identité.
Le succès de ces Journées montre que nous devons continuer à défendre notre diversité.
Et pour faire écho aux quelques discrètes allusions à la part de l’ombre et du silence dans l’écoute… j’ajouterai une petite histoire personnelle, au sujet de la Joconde :
Le jour où je suis allée la visiter au musée du Louvre, elle avait été placée à l’issue d’une immense galerie consacrée à une multitude de « Vierge à l’enfant », tableaux tous plus beaux les uns que les autres, certains même absolument somptueux.
Ainsi en la découvrant, Elle, après ce long parcours, il m’est apparu que le mystère de la Joconde pouvait bien résider non pas dans ce qu’elle donnerait à voir de plus beau… mais dans ce qu’elle ne porte pas…
Mystère de l’absence…
Est-ce là cette révélation à saisir qui fait que l’on doit toujours tendre l’oreille un peu plus ?
Nice