Conclusions des XXXXèmes Journées Nationales de l’AFPEP

Michel Marchand
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C'est par une approche historique de la violence et de ses infortunes avec Fabrice Humbert, utilisant le support de la littérature, que nous avons dressé d'entrée de jeu un panorama des multiples figures de la violence, soulignant l'évolution de sa représentation et interrogeant la part d'énigme de la violence agie, subie, les conditions de son émergence, le continuum et l'interaction entre la violence individuelle et la violence collective.

Une fois campée la complexité de l'origine de la violence, au coeur de l'humain, nous avons pu aborder, si je puis dire, « l'origine du monde » : les enjeux de la périnatalité, la grossesse, la naissance, la petite enfance avec les remaniements psychiques des nouveaux parents et le chamboulement provoqué par l'apparition de l'enfant.

Nous avons pu apprécier la sagacité des observations cliniques de Nicole Garret-Gloanec développant les notions d'intrusion (FIV), d'extraction (césarienne), d'effraction (la main du gynécologue), de délivrance physique et psychique et, en écho, le dépliement subtil de Myriam Szeger sur les agressions faites à l'enfant. Le texte communiqué par Pierre Delion nous a fait quant à lui pointer la prévalence du muscle sur la parole, sa conséquence sur les troubles des conduites et l'importance de l'investissement de la parole dans l'évolution de l'enfant.

Une approche de la psychogenèse de la violence a été ensuite déployée par une étude clinique toute en finesse présentée par Jacqueline Légaut et Claude Gernez, nous faisant passer de l'impensable à l'impensé, de l'impensé au pensé, de la violence négative à sa dimension positive, avant que Catherine Verney-Kurtz nous fasse découvrir son étonnante approche pankowienne, mettant le corps en jeu dans le processus de symbolisation.

Ces interventions ont témoigné de cette humanité, de cette présence à l'autre, du refus de l'orthodoxie, si nécessaires au soin, pour permettre à la violence de se dire.

Avec Anne Bourgain, notre attention a porté sur l'insistance du discours sécuritaire désignant la violence comme étant celle de l'autre, l'autre comme dangereux, la figure de l'étranger, appelant, en se référant à Derrida, au « courage de penser », de penser la violence sans quoi celle-ci fait retour et se déchaîne.

Les interventions engagées de la dernière plénière, autour de Paul Lacaze, Claude Nachin, Loriane Brunessaux et Elie Winter, ont permis plus encore d'explorer ce qui entre la maladie mentale et la commande sociale, fait violence, avec ce pas de côté, cet écart qui évite d'enfermer dans un discours totalisant la réponse aux dérives sociétales totalitaires.

Il a été longuement question de la loi du 5 juillet 2011, aboutissement du discours du 2 décembre 2008 du plus haut représentant de l'Etat. Cette loi introduit la notion de « soins ambulatoires sans consentement » contraire à notre conception princeps du soin. Elle induit par ailleurs une logique paranoïaque, son application conduisant à une défausse généralisée de tous les acteurs pour s'abriter de tout ennui administratif ou judiciaire, l'intérêt des patients étant relégué au second plan.

Un nouveau plan psychiatrie et santé mentale tente de se profiler à l'horizon, inspiré des concepts de santé mentale positive et d'une psychiatrie réductrice.

Notre exigence n'est-elle pas de nous en tenir à une éthique du soin, au maintien d'un cadre du soin qui permette celui-ci, dans le respect primordial de l'intérêt des patients ? Et de poursuivre l'articulation de la clinique et du politique ?

Le soin sera précisément le thème de nos prochaines Journées, dans une année, à Bordeaux, dont l'intitulé pourrait être « Les soins ambulatoires avec contentement », pour répondre au lapsus inaugural de Jean-Louis Planque, notre hôte amiénois !


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