L’AFPEP à la WPA
Du Caire à Prague via Istanbul, Melbourne et Paris
Après ces trois ans d’engagement de l’AFPEP à la WPA (2005-2008) est-il permis de faire le bilan d’un retour des Français dans cette association vieille de plus de 50 ans et fondée en 1950 par Henry EY et Jean Delay ?
Cet engagement a été marqué par la création d’une association des associations françaises membres de la WPA, la tenue d’une conférence internationale à Paris en février 2008 dans le cadre de l’initiative du Président Juan Mezzich d’un programme de psychiatrie de la personne (proche de notre conception humaniste), la tenue de symposiums AFPEP à chaque congrès annuel de la WPA : Istanbul en 2006, Melbourne en 2007 et Prague en 2008.
Enfin l’affiliation d’ALFAPSY à la WPA avec tous les psychiatres privés des pays francophones aura été un nouvel élément de notre intérêt pour ce retour.
Dans le Haut comité des Candidatures (WPA Standing Committee of Nomination 2005-2008) dont je faisais partie, il a été possible d’instaurer un mode de scrutin électronique sécurisant les votes, tout comme la création d’une future instance de régulation et de réflexion concernant les règles internes, les statuts et élections, indépendante des présidents « elect » et en exercice.
Les psychiatres français investis dans la WPA au niveau de leurs diverses sections ont pris des responsabilités d’animation et ont été sources de nombreuses initiatives.
Dans notre effort pour soutenir le Programme Institutionnel de la Psychiatrie pour la Personne (IPPP), en plus de l’organisation de la conférence de Paris, nous avons présenté un ouvrage en langue française : « le Manifeste pour une psychiatrie de la Personne » (qui paraîtra aux éditions Doin en janvier 2009). Ce mouvement avait été rejoint par le soutien des patients et de leurs familles (EUFAMI, UNAFAM). Notons aussi, chez les psychiatres cliniciens de divers pays, un retour à une vision humaniste, proche de la phénoménologie et de la psychodynamique, critique à l’égard d’une vision technocratique hégémonique avec son idéal scientifique assimilant la psychiatrie à une spécialité médicale comme une autre sans sa spécifité.
Lors de l’Assemblée Générale de Prague, c’est un collègue français, Michel Botbol, qui a fait voter l’inscription du mouvement humaniste IPPP dans le prochain programme triennal 2008-2011 du nouveau président, italien, Mario Maj. En effet, après ces trois années aux côtés de Juan Mezzich, qui a rappelé à chaque occasion tout ce que la psychiatrie devait à ses origines, notamment françaises, instaurant les prix « Pinel » et « Jean Delay », que reste-t-il de notre investissement international ?
Nous allons voir dans les prochains mois comment nous organiser au sein de notre association des 5 associations françaises *. Nous allons proposer la tenue d’un séminaire international d’éthique dans un lieu symbolique avec des membres de la WPA proches de nos convictions et cela alors qu’aux États-Unis la nouvelle présidente de l’APA soutien un mouvement très critique sur les excès passés. La déclaration de conflit d’intérêt vis-à-vis de l’industrie réduisant l’influence des tenants de l’hégémonie du courant majoritaire.
Nous avons en Europe pris une place très repérée et appréciée des acteurs de la Task Force Européenne (OMS, UEMS, AEP, EUFAMI, WPA) qui nous compte maintenant comme des leurs. Nous comptons beaucoup sur le nouveau secrétaire général de la WPA Levent Kuë, psychiatre turque, très ouvert d’esprit. Il devra veiller à la poursuite du débat au sein de ces instances européennes et mondiales.
Antoine Besse
Saint-Germain-en-Laye
Société de l'Information Psychiatrique
Société Médico-Psychologique