Une épithète est en passe, aujourd’hui, de supplanter dans la caractérisation ou l’invective les emprunts traditionnels à la nosologie psychiatrique : paranoïaque… Avec ce que cela recèle de reconnaissance, comme de confusion entre structure et pathologie.

L’évolution réelle de la séméiologie des délires, par exemple, comme les apports de la psychanalyse dans la compréhension de la dynamique structurale du paranoïaque, ont certainement contribué à brouiller des idées qui furent peut-être claires – et peut-être fausses…

La prise en charge ambulatoire d’un paranoïaque, quelle que soit l’expression clinique de sa décompensation, constitue probablement un des moments les plus délicats de l’exercice psychiatrique d’aujourd’hui, en particulier, mais pas seulement, sur le mode libéral. L’efficacité certaine de la pharmacopée sur les efflorescences délirantes n’a pas pour autant simplifié le problème… Elle le reporte…

Les relations sociales, enfin, dans notre monde d’aujourd’hui, paraissent infiltrées, individuellement ou collectivement, de cette méfiance, cette interprétativité et cette agressivité rigide dont on fait volontiers les attributs comportementaux du paranoïaque. Il serait intéressant de tenter le repérage des facteurs socio-dynamiques à l’origine de ce que certains n’hésitent pas à évoquer comme une psychotisation de nos sociétés.