Paris - Journées Nationales 1985

Psychiatres, charlatans et magiciens

CHARLATAN :

De l’italien ciarlatano, de cialare, parler avec emphase.

  1. Vendeur ambulant qui débite des drogues… sur les places et dans les foires.

  2. par ext. : guérisseur qui prétend posséder des secrets merveilleux (V. empirique, guérisseur, rebouteux…).

MAGICIEN :

  1. celui qui est initié aux secrets de la magie, qui pratique la magie (V. alchimiste… sorcier, thaumaturge…).

  2. fig. : celui qui est capable de produire, comme par magie, des effets, des influences extraordinaires.

MAGIE :

  1. art de produire, par des procédés, des phénomènes sortant du cours ordinaire de la nature (V… hermétisme, occultisme… divination, enchantement… envoûtement… philtre, rite, sort…).

  2. Ensemble des procédés d’action et de connaissance, à caractère secret, réservé, dans les sociétés dites primitives (P.R.).

  3. par exagér. : en parlant d’une chose extraordinaire, inexplicable (ou qui semble telle).

  4. Fig. : influence vive, étonnante, inexplicable qu’exercent l’art, la nature, les passions… sur le cœur humain… (V. charme… puissance, séduction).

Dictionnaire analogique Le Robert et Petit Robert

La psychiatrie, en tant que corpus de connaissances inférées d’une expérience, aspire au statut scientifique et ne peut être déplacée de cette position.

Le psychiatre émarge à ce fait institutionnel de par la connaissance et la garantie sociale de sa qualification. Mais, dans l’exercice de son art, dans la relation thérapeutique, au regard, à l’écoute et dans le désir de son patient, il fonctionne de façon infiniment plus complexe, qu’il le choisisse, l’admette, le récuse ou le méconnaisse.

La référence à un pouvoir magique, à l’intervention de forces occultes, à la détention de secrets sur les choses, sur la vie, sur l’autre, la croyance en des « objets thérapeutiques » investis d’une puissance dont l’étude de « l’effet placebo » démontre scientifiquement qu’elle déborde largement le positif scientifique. Le renvoi à la poésie ou l’illusion, sont éléments d’évaluation tout à fait repérables dans le discours commun comme dans celui du patient – voire, pourquoi pas ? dans celui du thérapeute…

À partir de quoi s’impose à nous le besoin d’un travail d’analyse et de réflexion sur ce que sont, de fait, les positions respectives du psychiatre, du charlatan et du magicien, à la lumière de recherches historiques, transculturelles et épistémologiques. Et d’évaluer en quoi et comment ces positions pourraient interférer – restant, peut-être, à la référence éthique de dessiner entre elles d’incontournables clivages.