Ile de Ré - Journées Nationales 1996

Psychiatrie et prévention, liaisons dangereuses ?

Un psychiatre peut difficilement occulter la notion de prévention dans sa pratique. Pour son patient, n'est-il pas tenu de tout faire pour tenter de prévenir rechute, aggravation ou même apparition d'une pathologie ? Ne doit-il pas aussi protéger l'entourage et prévenir les conséquences néfastes d'un trouble ? Pour lui-même enfin, ne doit-il pas se préserver de tout ce qui pourrait aliéner la qualité de son travail. Que dire encore de la responsabilité en santé publique qu'assume tout médecin ? Les effets préventifs de l'exercice de la psychiatrie sont loin d'être explorés dans toutes leurs dimensions et méritent toute notre attention. Cette recherche ne peut qu'améliorer l'efficacité des pratiques et aider à la reconnaissance de celles-ci, gage, pour le patient, d'y avoir librement recours.

Pour autant, nul n'est innocent au point de ne pas se méfier d'une notion aussi délicate que celle de prévention où désir de soigner et devoir de réserve viennent dialectiquement si bien se confronter. Quand finit la prévention et quand commence l'ingérence ? Quand finit la prévenance et quand commence la normalisation ? Quand finit l'intérêt de l'individu et quand commence celui des sociétés ? De quel dessein s'agit-il ?

Toutes ces questions nous invitent d'autant plus vivement à la réflexion et à l'échange qu'avec l'évolution des technologies, des concepts et des structures dans notre société, les demandes d'anticipations de tous ordres apparaissent de plus en plus pressantes.