Témoignage du séminaire d’été

Anne Rosenberg
Retour au sommaire - BIPP n° 63 - Décembre 2012

Le Séminaire d’Été intitulé « Commande sociale et nécessités du soin – entre adéquation, clivage et dialectique » a parfaitement trouvé sa place au sein des Francopsies organisées à Montpellier par Alfapsy et son président Paul Lacaze. Lors de cette journée se sont succédé les interventions de psychiatres de l’AFPEP et des conférences Francopsies.

Pour commencer, Patrice Charbit a repris les conclusions de « l’Étude clinique » : « Persiste et signe» et ses concepts paradigmatiques de signature, de crise et d’analyse critique qui se heurtent actuellement aux normes et à la « logique du marché ». L’enjeu dès lors sera de préserver nos « fondamentaux de la psychiatrie ».

Samuel Lézé et Victor Royer sont anthropologues et ont mené à la demande de l’AFPEP une enquête sur la spécificité de notre pratique de psychiatre libéral à partir d’un échantillonnage d’entretiens avec des psychiatres privés. Victor Royer nous a présenté ses conclusions. Il nomme clinique de la singularité le point commun de tous ces témoignages et note la crainte des psychiatres de voir décliner et même disparaître aujourd’hui cette forme de pratique.

Thierry Delcourt nous a rapporté les analyses de l’enquête « Urgence et Permanence de Soins » et la position éthique et pragmatique des confrères sur laquelle ils ne sont pas prêts de céder. Nous avons entendu ensuite différents témoignages de parcours, formation et pratiques.

Olivier Andlauer, jeune psychiatre et praticien hospitalier au parcours très éclectique a réussi, à l’instar d’autres jeunes collègues, à se déprendre des querelles des écoles de pensée et à articuler différentes approches entre elles afin d’avoir une vision plus ouverte de la psychiatrie.

Michel Jurus a survolé de manière très vivante ses « souvenirs d’enfance et d’adolescence de psychiatre » pour arriver à sa pratique actuelle. Il a appelé son exposé : « pour une psychiatrie de l’interrogation », prônant la nécessité de l’ignorance dans la rencontre avec le patient.

Élie Winter nous a parlé de son expérience d’interne, longue période de doutes et de sa confrontation avec « la double contrainte » du métier entre un cadre prétendument idéal et la réalité de la pratique. De sa formation jusqu’à sa pratique actuelle, il retient l’effort constant pour ne pas céder à la facilité d’une réponse univoque et surtout une grande leçon d’humilité.

La dernière intervention a été celle de Jean-Jacques Laboutière sur le « référentiel métier » – actuellement en chantier à la FFP –, à savoir la description de l’ensemble des compétences du psychiatre. Cette élaboration s’inscrit dans une perspective de promotion de la qualité des soins au plus près des besoins de chaque patient. Elle se situe à l’intersection de la commande sociale et des théories du soin en psychiatrie. Ce Séminaire d’Été témoigne de la richesse de l’élaboration sur le métier de psychiatre. Toutes ces interventions se rejoignent autour de réflexions sur une clinique de la singularité et nous indiquent les combats à mener afin de maintenir la psychiatrie sur ce chemin-là.


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