Après les Journées Nationales de Bordeaux

Michel Jurus
Retour au sommaire - BIPP n° 63 - Décembre 2012

Après nos Journées Nationales Picardes sous le signe de «Violence(s)», nous nous sommes retrouvés pour des Journées Bordelaises au coeur d’une dynamique dans l’Invention et la réinvention du soin.

Béatrice Guinaudeau nous proposait de nous questionner sur nos pratiques confrontées à des techniques teintées de science mais dominées par l’économie, le profit et l’efficience.

Jacques Ellul disait que la technique conduit à la suppression du sujet et à la suppression du sens. Comment faire pour rester des cliniciens qui réinventent sans cesse notre exercice quotidien avec le malade qui vient à nous ? Nous devons sans doute réaffirmer ce qui est la base de notre pratique en restant fidèles à des valeurs fondamentales comme le respect du sujet, la confidentialité, l’éthique et l’indépendance professionnelle protégée des conflits d’intérêts avec l’industrie pharmaceutique, les éditeurs de logiciels et les assureurs privés et publics.

La richesse des propos de nos intervenants nous a permis de nous éclairer sur les moyens de rester des praticiens motivés par le caractère personnel et unique de chaque rencontre. Aucune pratique psychiatrique ne doit être figée dans des stéréotypes normés. L’humanité évolue sans cesse et il est illusoire de vouloir la standardiser dans « le meilleur des mondes ». Cette volonté inventive s’est confirmée au cours de la table ronde où différents acteurs du champ psychiatrique sont venus enrichir notre propos.

Les patients et leurs familles nous ont montrés qu’ils ne voulaient pas être instrumentalisés pour servir une politique du soin démagogique. Le balancier de l’histoire va aujourd’hui dans le sens d’une pratique restrictive, destructrice des valeurs et du sens et nous devons plus que jamais réaffirmer ce qui est fondamental dans un soin à dimension humaine.


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