Antoine Besse
J’ai rencontré Antoine Besse en 1980 aux Journées Nationales de l’AFPEP à Nantes. Il parlait beaucoup ; il était vif, enjoué, enthousiaste.
Nous avons échangé pendant deux heures quelques jours avant son décès : à Bordeaux, aux Journées de l’AFPEP, en 2012. Nous avons pu nous dire que nous étions vraiment très heureux d’avoir passé ce long moment ensemble. Antoine a beaucoup parlé ; il était toujours aussi enthousiaste, enjoué, vif. Même s’il m’a confié qu’il était fatigué.
Nous avons parlé de l’AFPEP, de nos familles, de la situation politique, de notre travail : de tout ce que nous avons partagé depuis 32 ans.
Antoine était sans doute le plus fidèle d’entre nous, en tous les cas celui qui a assuré le plus de constance et de permanence au sein de nos associations depuis les années 1980. Toujours en mouvement, jamais défait, sachant miser sur l’avenir, ferme sur ses positions, Antoine était un formidable militant de la psychiatrie. Sa capacité à pouvoir intervenir dans des lieux où il savait être minoritaire, sa ténacité, cette persévérance admirable en a fait un personnage hors du commun dans le monde de la psychiatrie.
Que de souvenirs m’assaillent aujourd’hui ; celui des combats dans l’enfance inadaptée, de ces tournées que nous faisions en France pour parler des problèmes de ce secteur ; celui de ce moment de sidération qui fût le sien quand nous lui signifions que c’était à lui d’assurer l’intérim de la présidence de notre association à la mort de Gérard Bles ; celui de ce voyage en Guadeloupe à la création d’ALFAPSY, où il ne fût pas le dernier à animer ce formidable moment inaugural ; celui des États généraux où la qualité de sa présence trouva matière à s’exprimer à deux moments clés : il fut celui qui assura un « service d’ordre » particulièrement efficace en interdisant, discrètement et fermement, la parole à quelquesuns qui avaient à l’évidence l’objectif de briser l’élan des EG. Et le dernier soir, moi-même épuisé par la tenue de cet événement, ce n’était qu’à lui que je pouvais demander de me « remplacer » au diner prévu avec le futur président de l’Association Mondiale de Psychiatrie, Juan Mezzich. Ce fut le début de « la grande aventure » d’Antoine, pour ces dix dernières années : son extraordinaire implication dans l’activité internationale de l’AFPEP.
C’est aussi le souvenir de ces formidables fêtes de l’amitié que nous organisions lors de nos Journées Nationales ou dans nos maisons respectives ou encore chez les uns ou chez les autres. Antoine était de toujours avec nous, toujours présent, comme une évidence. Sa singularité exceptionnelle était reconnue de tous, ses capacités d’engagement et de travail absolument colossales en faisaient, et ont fait de lui un homme indispensable du paysage de la psychiatrie française de ces dernières décennies.
Antoine va terriblement nous manquer. Bien plus sans doute que nous pouvons l’imaginer.